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Invisible mais essentiel : la vie quotidienne des agents d’entretien en résidence universitaire

Lorsque nous pénétrons dans une résidence universitaire, le premier aperçu semble souvent acquis : des couloirs impeccables, des espaces communs bien soignés, des sanitaires propres. Pourtant, derrière cette propreté manifeste se trouvent des travailleurs discrets, des agents qui s’investissent chaque jour pour offrir un environnement sain aux étudiants.

Dans ce premier épisode de mon podcast intitulé “Invisible mais essentiel”, j’ai voulu explorer le parcours d’Aïssatou Diallo, 54 ans, agente de propreté dans une résidence universitaire à Lille. Employée par une société depuis plusieurs années, elle nous dévoile les facettes de son quotidien, souvent méconnu, mais crucial. À travers son témoignage, cette démarche vise à mettre en lumière un métier peu mis en avant mais fondamental pour le bon fonctionnement des espaces de vie collective.

Une pierre angulaire discrète mais essentielle au bien-être commun

Le nettoyage est une partie intégrante de notre vie quotidienne, mais il est tellement intégré dans nos environnements qu’il passe souvent inaperçu. Ce n’est qu’en son absence que nous prenons conscience de sa valeur. Dans les résidences universitaires, où des centaines d’étudiants cohabitent, partagent des lieux communs et vivent à de divers rythmes, la propreté va bien au-delà d’une simple question d’esthétique : elle est cruciale pour le bien-être, la santé et le confort de tous. Ce rôle essentiel est assuré jour après jour par des agents comme Aïssatou Diallo. Malgré cela, leur travail demeure souvent perçu comme invisible, un “arrière-plan automatique” dont on ne mesure ni la complexité ni l’importance. Les gestes qu’ils accomplissent, répétés sans relâche chaque jour, sont indispensables pour garantir un environnement sain, surtout dans des lieux à forte affluence.

Le quotidien d’Aïssatou : entre rigueur et flexibilité

Chaque matin, Aïssatou se lève à 5 h 30. À 6 h 30, elle est déjà sur son lieu de travail, prête à commencer sa journée. Sa routine débute par la préparation du petit déjeuner pour les étudiants, suivie du nettoyage des lieux les plus fréquentés : espaces communs, toilettes, ascenseurs, chambres. Chaque tâche est chronométrée afin d’être achevée avant que les premiers étudiants ne se lèvent.

«J’ai droit à 5 services de ménage par jour pour les chambres, il y a 6 étages et 300 chambres. J’ai des tâches à accomplir, notamment le nettoyage des cuisines, des toilettes, mais je ne fais pas la vaisselle et je ne débarrasse pas avant le nettoyage. Si la chambre est encombrée, je n’y touche pas et j’informe à l’accueil. »

Sa journée se termine au début de l’après-midi, mais la fatigue physique, elle, demeure bien présente :

« Eh bien, ce n’est pas le travail qui fatigue normalement, mais c’est le trajet, ce n’est vraiment pas facile. Lorsque je rentre, je prends une heure de sieste pour me ressourcer avant de repartir vers mon second lieu de travail. »

Les spécificités de l’entretien en résidence universitaire

Contrairement à l’entretien d’autres espaces publics comme les bureaux ou les centres commerciaux, les résidences universitaires posent des défis uniques. La diversité des lieux à nettoyer – chambres, cuisines communes, requiert également une flexibilité et une organisation rigoureuse. Chaque espace a ses particularités, et chaque intervention doit être adéquatement adaptée.

Aïssatou confie :

« Dans les parties communes, je balaie les escaliers et les nettoie, je désinfecte les poignées de portes des étages, enlève les toiles d’araignées au niveau des fenêtres. Les chambres aussi, c’est le gros nettoyage qui est le plus complexe. Quand un étudiant déménage, il faut nettoyer toute la chambre, c’est un peu plus compliqué que les espaces communs. »

Une reconnaissance encore insuffisante

Malgré leur rôle crucial, les agents de propreté restent souvent invisibles. Cependant, Aïssatou reçoit souvent des retours positifs de sa hiérarchie et des étudiants, ce qui la réconforte dans son travail.

« Mon responsable vient vérifier ce que je fais, et à chaque fois, il me dit franchement que la résidence est propre, les responsables de la résidence me donnent également des retours favorables. »

Le métier manque encore de visibilité et de valorisation, et il reste des efforts à fournir pour améliorer la mise en avant de leur travail.

Conclusion : Redéfinir notre perception de ces métiers invisibles

À travers le récit d’Aïssatou Diallo, j’ai pu appréhender l’importance des métiers de nettoyage et d’entretien, qui contribuent à rendre notre environnement plus propre et agréable. Derrière chaque espace soigné se cache un travail minutieux, fait de gestes répétitifs et d’un engagement discret mais constant.

Ce projet, réalisé dans le cadre de mon cours “Ateliers d’observation de la ville”, m’a permis de découvrir les coulisses et de saisir l’importance de ces professions qui, bien que silencieuses, façonnent notre quotidien. La réalisation de ce projet n’a pas été sans difficultés, l’une des premières difficultés, c’est la distance entre Aïssatou et moi , qui est à Lille et moi à Paris.

Par ailleurs, cette barrière a été l’occasion, de réaliser ce podcast sous un autre format qui est une série d’appels téléphonique, que je trouve d’ailleurs innovateur. J’ai utilisé l’IA à travers podcast. Adobe, pour enregistrer cet entretien et le logiciel Adobe audition pour traiter les sons. Enfin, j’ai surtout été submergée par une grande émotion à travers son récit, les difficultés autour de son métier et comment elle tenait surtout cette routine à cet âge.  À travers ce premier podcast, j’espère inviter chacun à repenser son regard sur ces travailleurs invisibles mais essentiels.

Aminata Doumbouya

 


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
doumbouyaaminata (4 décembre 2024). Invisible mais essentiel : la vie quotidienne des agents d’entretien en résidence universitaire. Comment voit-on la ville ? Consulté le 19 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12u00


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