Depuis plusieurs années, de jour en jour, d’une époque à une autre, les murs de nos villes se transforment en toiles urbaines, habillés de graffitis aux styles changeants et aux messages variés. Certains, portant un regard artistique et original, y voient une forme d’art, une expression brute et spontanée de la créativité. Pour d’autres, ces œuvres éphémères ne sont que synonyme de dégradation du paysage urbain, vandalisme certain perçu comme une violation esthétique des rues des citadins.
L’éternel débat entre art et dégradation persiste. A travers ce prisme, les graffitis invitent à une réflexion plus profonde sur notre rapport à l’art, à la ville et à ses formes d’expression qui s’imposent à nous.
Art ou dégradation ? Je me pose une question : Quelles formes de graffitis peuvent être perçues comme des œuvres d’art et lesquelles sont davantage considérées comme des actes de dégradation de l’espace urbain?
Street Art au Lycée, dans les rues du Marais
Durant mes années au lycée, pour la première fois je me suis posé la question au sujet de l’occupation des graffitis au sein de l’espace urbain. J’intégrais autrefois, au Lycée Victor Hugo, une classe « Média ». Celle-ci était animée par la documentaliste du Lycée ainsi que par une professeure d’Histoire : nous avions un sujet à traiter : « Le street art. »
A l’occasion de cette recherche, cette question autour du street art, je sillonnais les rues du Marais pour illustrer au mieux mon sujet d’analyse par des photos, des vidéos ou des témoignages qui pourraient me servir. J’empruntais la Rue des Rosiers, Des Francs Bourgeois ou Rue vieille du Temple, pour capturer les nombreux graffitis que je pouvais rencontrer. A la vue de tous, enfouis et cachés dans les petits passages ou les grandes allées, je chassais ces inscriptions aussi nombreuses soient elles et dont la forme et le style était bien singuliers.
Véritables œuvres d’art ou détérioration de l’espace public la question au sujet des graffitis est une véritable de réflexion. Question que l’on peut poser à tout le monde et dont les réponses ne sont pas unanimes. Certains seront pour et d’autres contre. Durant cette recherche, j’ai eu l’occasion de rencontrer deux hommes qui se trouvaient rue des Blancs Manteaux, dessinant assis ou debout, sur des petits papiers qu’ils exposaient le long du trottoir pour que les passants puissent les voir.
J’ai profité de l’occasion pour explorer avec eux leur vision des graffitis, qu’ils soient perçus comme une création artistique, un moyen d’interaction urbaine, ou une transformation parfois controversée. Tous d’eux m’ont répondu qu’ils considéraient les graffitis comme une “pollution visuelle” qui passait au-delà du droit de la propriété. Alors ils sont allés sur le terrain de la justice, des lois, des biens… sans pour autant vraiment me dire pourquoi ils pensaient que les graffitis n’étaient pas une forme d’art : alors je partagerai mes idées à quiconque saura les écouter.
L’âme des villes, ce que les graffitis m’inspirent
Quand je marche dans les rues de Paris il m’arrive de lever le regard pour contempler ces dessins urbains présents sous toutes leurs formes : Tags, dessins, messages ou écrits…Ils sont le fruit de l’imagination de quelqu’un et deviennent le fruit de l’imagination de celui qui les regarde. Ils sont le fruit de l’imagination d’un artiste qui a signé ce qu’il a graffé, ou le fruit du travail de celui qui a décidé de s’anonymiser.
“Que représente cette forme ? Que veut dire ce message ? Comment le comprends tu ? A quoi cela te fait-il penser ? Qu’est-ce que l’artiste a voulu dire en graffant cela ?”
Ils deviennent des sujets d’échange, de débat et de discussion car un graffiti peut en cacher un autre. Techniques, travaillés minutieux et rigoureux, le travail de ces graffeurs n’est pas sans valeur. Bien que certains préfèrent qu’ils soient effacés, ils restent agréables à admirer. Que leur forme soit douce, courbée, ou très carrée chaque graffiti porte sa propre originalité.
Je trouve qu’ils donnent du charme à la rue qu’ils habillent, à la ville qu’ils habitent. Je m’arrête souvent pour lire les écrits, essayer de les déchiffrer. Je m’arrête pour les regarder et penser, réfléchir à leur sens et au sens qu’ils me poussent à décrypter.
Il n’est pas exclu d’avouer que quelques graffitis permettront à certains d’exprimer rage et colère ou peine et misère . Mais allons nous nous indigner contre ceux qui peignent de leur propre volonté des choses si belles à regarder de par leurs formes, leurs couleurs ou leurs typographies ? Bien sûr il est difficile d’accepter que certaines limites ne soient pas respectées : vandalisme sur propriété privée ou atteinte à l’intégrité : tout ne peut pas toujours être approuvé. Et voilà pourquoi « Défense d’afficher »…
Mais je me demande alors où se trouve donc celle qu’on appelle “La Liberté”?
Les graffitis aussi nombreux sont-ils, sont pour moi des œuvres difficiles à critiquer. Mais comment dessiner une frontière au sein de cet univers où le graffiti s’élève en art ou se voit comme une dégradation amère ?
Mais pour moi, ils ne cesseront de donner une âme à la ville en l’habillant de ses plus beaux vêtements.
GUIDDIR LYDIA
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
guiddirlydia (23 octobre 2024). Graffitis, indéniables vêtements de la ville, indéniable débat fragile. Comment voit-on la ville ? Consulté le 19 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12kb1